Source Pilote côtier Brest Quiberon

ETEL

Situé à mi distance entre Quiberon et Lorient, sur l’estuaire d’une rivière profondément pénétrée par la marée, le port d’Etel a fort mauvaise réputation. Non sans raison. Les forts courants de jusant, 4 à 6  noeuds, en s’opposant dans l’entrée de l’embouchure, à la houle du large lèvent sur les hauts fonds de sable une barre qui certains jours, peut être redoutable même pour les puissants chalutiers d’Etel. Mais par mer calme, en fin de flot, un peu avant l’étale de pleine mer, un bateau de plaisance peut pénétrer sans risque  dans la rivière d’Etel et découvrir une véritable petite mer intérieure qui, du fait des dangers de l’entrée, a conservé un caractère sauvage.

PORT GUEN

Sur la rive ouest, toujours avant le pont Lorois, l’anse de Port Guen offre également un  bon abri, particulièrement contre les vents forts d’ouest, mais les fonds assèchent entièrement à basse mer et il faut prendre garde au cordon de roches balisé par quelques perches qui ferment l’anse en lisière du grand chenal.

L’ANSE NISCOP

Juste avant le pont Lorois, rive Est, 4 ou 5 bateaux peuvent venir accoster et échouer le long du quai bordant le terre-plein d’une petite anse, mais la plupart des visiteurs préfèrent rester au mouillage à l’ouvert de l’anse juste en lisière des courants forts. Une cale borde le terre-plein où est installée une grue. De vieux thoniers éventrés sont échoués sur le rivage tout autour de l’anse en attendant que le temps détruise peu peu les membrures. La rivière d’Etel était autrefois un des plus grands cimetières pour les bateaux de pêche de la côte bretonne.

En bas l’anse Niscop où l’on peut attendre la renverse,
le pont Lorois et à droite  l’îlot de Gravinez

 

La petite darse et le terre plein de l’anse Niscop.
L’anse était autrefois un grand cimetière à bateaux

 

LE GOULET DU PONT LOROIS

Ce pont suspendu marque incontestablement une barrière. Non seulement par son tirant d’air limité à 9 m, au-dessus du plan d’eau à la pleine mer en coefficient de 95, mais également du fait des courants violents qui s’engouffrent dans. cet étroit passage bordé de roches et qui peuvent atteindre près de 8 à 9 noeuds en vives eaux. C’est dire qu’en dehors des étales qui ont lieu 45 minutes après celle de Port Tudy, seuls les bateaux disposant d’un bon moteur peuvent s’engager sous le pont.

Toutefois les petits voiliers peuvent passer avec moins de 12 m de tirant d’air à l’heure de l’étale de basse mer en marée moyenne de coefficient 70, la hauteur d’eau sous la quille restant toujours largement suffisante dans cet étroit goulet par où se vide la mer d’Etel. Attention cependant à bien garder le milieu du chenal car un banc de roches affleure du côté ouest. La rive opposée est en revanche assez franche. Incurvant sa route vers l’ouest on viendra arrondir la perche plantée sur une roche isolée qui déborde l’îlot Nod Vihan. Cet îlot délimite à l’Est, une petite anse qui assèche en avant d’une cale et d’un groupe de maisons

Flèche à l’horizontale, la passe est impraticable

La tourelle du Chaudronnier qui déborde le musoir partiellement démoli du môle. En arrière plan le pylône du feu et la maison du mât  Fenoux

Flèche à la verticale, rester sur cette route qui est correcte

LE PASSAGE DE LA BARRE

La meilleure route pour approcher de l’entrée de la rivière d’Etel est au 42° sur un grand château d’eau mais cette route ne doit être en aucun cas considérée comme la meilleure pour franchir la passe. Il faut se fier aux indications du mât Fenoux.

Les bancs de sable sous l’action de la houle et des courants sont en constants déplacements. Leur position peut rester stable pendant quelques semaines et varier ensuite à plusieurs reprises en 2 ou 3 jours à la suite d’une tempête d’ouest ou même d’un fort coup de vent

C’est par les vents de ce secteur et également du S.W., lorsque la houle s’oppose aux courants de jusant qui, en vives-eaux, dépassent 4 à 5 noeuds, que les vagues déferlant sur les bancs de sable sont les plus redoutables. Elles forment alors une barre s’étendant sur 4 à 500m au sud de l’entrée, infranchissable même par les plus puissants chalutier d’Etel. Mais cette barre disparaît rapidement au retour du flot, la renverse ayant lieu 1h30 après la pleine mer de Port Tudy.

L’entrée de la rivière du côté Ouest, près du haut pylône en treillis d’un feu, est débordée par une courte jetée partiellement détruite dont le musoir est signalé par la perche cylindre rouge du Chaudronnier. Mais le mât Fenoux du sémaphore sur le pignon d’une maison blanche à toit d’ardoise sur cette même rive ouest est incontestablement plus important car la flèche donne les consignes pour bien franchir la passe.

LES HEURES D’ACCES

Il est plus que recommandé aux bateaux de plaisance de ne franchir la barre qu’avec le flot, donc 2 heures avant l’heure de la pleine mer locale qui présente une avance de 45 minutes par rapport à la pleine mer de Port Tudy

Ces deux heures tiennent compte d’une bonne marge de sécurité, mais elles ne garantissent pas l’entrée immédiate dans la rivière car la hauteur sur les bancs peut varier dans de grandes proportions, particulièrement à la suite d’une tempête du sud. La houle peut en effet amonceler une telle quantité de sable dans l’entrée de la rivière que son accès n’est plus praticable qu’une heure avant la pleine mer. Mais les courants peuvent recreuser en quelques jours un chenal profond qui permettra d’entrer sans risque à Etel presque à mi-marée.

Il convient donc de se renseigner sur les conditions d’accès, auprès du sémaphore par le canal 16 de la VHF, une veille radio étant assurée au moins deux heures avant à deux heures après la pleine mer.

Les plaisanciers qui ne disposent pas d’une VHF peuvent, avant leur appareillage téléphoner au sémaphore (T. 02 97 55 35 59) ou à défaut se placer sur l’alignement 42° en hissant en tête de mât ou dans les haubans un pavillon national de manière à avertir le responsable du mât Fenoux que l’on désire entrer dans larivière.

Source Pilote côtier Brest Quiberon

SAINT CADO

L’abri le plus prisé dans la rivière d’Etel est sans conteste le petit village de Saint-Cado, à 0,8 mille au nord du Pont Lorois. On le rejoint après le pont en arrondissant sa route vers la rive ouest pour laisser à distance sur tribord le petit îlot dénommé Nord Vihan ou Tog Ru. On revient alors plein Est pour passer à mi-distance entre cet îlot et celui de Men Halen qui déborde l’île Gravignez. Il faut laisser au sud la perche à cône qui signale une roche couvrante à marée haute. Le passage est assez large mais il faut tenir compte de la dérive provoquée par les courants forts. Attention plus en amont à un long banc de sable s’étendant jusqu’à hauteur de St-Cado. Ce banc découvre par fort coefficient et la couleur plus claire de l’eau renseigne sur sa position. On prendra garde également aux roches qui débordent la rive ouest à hauteur du banc. Le bras ouest offre une plus grande profondeur à basse mer que le bras Est.

Le village de St-Cado aux vieilles chaumières se serre sur un îlot accessible uniquement par une étroite chaussée en forme de pont. Un simple petit môle où s’amarrent quelques canots protège une large cale à l’enracinement de la chaussée. L’extrémité de la cale n’est couverte que de 1 m d’eau à la pleine mer en mortes eaux. Les bateaux de passage peuvent rester au mouillage, en avant du port, à l’Est d’un îlot que couronne une petite maison . Un joli panorama qui a fait l’objet de nombreuses photos. On prendra garde aux hauts-fonds qui débordent l’îlot vers le nord.

Un village très pittoresque avec encore quelques maisons au toit de chaume

Les canots et barques s’amarrent au petit môle ou voisinage de la large cale.

Saint Cado est reliée au rivage par une digue carrossable.

LA RIVIÈRE D’ETEL

En amont de Saint-Cado, la rivière d’Etel est navigable à marée haute sur plusieurs centaines d’hectares et offre aux petits voiliers et aux canots pneumatiques, un vaste plan d’eau d’évolution au milieu des landes, des ajoncs et des bancs de vase. Un paysage où rarement la mer et la campagne bretonne se sont aussi intimement liées.

À basse mer, il ne reste plus qu’un chenal principal large de moins de 500 m qui se dirige vers le N.E., où la profondeur ne dépasse guère 2 m. Bien que fort mal balisé, ce large chenal est assez facile à suivre en se tenant à égale distance d’îlots et des pointes qui le bordent. On rejoint ainsi le passage entre la pointe de Mané à l’ouest et l’île de la Forest, à l’Est, qui doit sans doute son nom au bois de pins qui la couvre. Une ferme abandonnée en bord du rivage est un point de repère assez remarquable. Mais attention à l’Est de l’île Fandouillet au banc de sable près du chenal

Plus au nord, dans l’anse de Strang Vihan, le grand chenal se sépare en deux branches. L’une remonte vers le nord dans une large baie pour venir serrer une pointe disposant d’une cale privée. Quelques bateaux hivernent à sa hauteur, côté Est, en lisière du rivage. L’autre branche du chenal se dirige vers le N.E. Plus étroit, il est balisé par endroits par quelques perches, mais la profondeur réduite à moins de 1,50 m oblige bien vite à rebrousser chemin, si l’on ne veut pas s’échouer dans la vase au milieu de quelques parcs. Aussi, pour éviter d’être bloqué pendant 6 à 8 heures, il est préférable d’explorer la rivière d’Etel en partant de Saint-Cado peu après l’étale de basse mer.

Rappelons que la vitesse est limitée à 5 noeuds à moins de 300m du rivage dans toute la rivière, à basse mer les sillages pouvant abîmer les parcs

Le petit part de St Cado avec la maison isolée sur son banc,
le petit môle, la cale et la digue qui donne accès à l’île.

Dans toute la rivière la profondeur est réduite et
de vastes bancs de vase découvrent avec la marée.

Le fond de la rivière au nord de la pointe du Listrec.

L’île St Cado vue de l’Est.

Quelques barques viennent mouiller sous l’abri du village où la protection est bonne par vent d’ouest